Etudes aux Beaux-Arts de Paris. Elève de Jacques Lagrange durant 3 ans. Présente et obtient son diplôme en 1983 avec le soutien de Jacques Doucet. Soutien d’un mémoire: « La peau des choses », sous la direction de Jacques-Adelin Brutaru à l’Université de Vincennes/Saint-Denis. D’autres rencontres, telles Yehuda Neiman, Pierre Restany l’encouragent à poursuivre son travail aux USA. Séjour d’un an dans l’Illinois, consacré à des recherches et des expositions, ayant pour thème le paysage (peintures sur papier). Rencontre avec Alain le Duc et participation à un Séminaire International d’Architecture à Tbilissi (Géorgie).

A son retour, nouvelles recherches autour de la peau et des enveloppes; plus précisément d’un épiderme pictural, autonome, pouvant être traversé par la lumière. Les premières installations, notamment les « Trois métaphores », 1987 (feu, eau et air) réalisées dans la nature (Millac, Dordogne), sont des redoublements de l’écorce des arbres, de la peau de la terre et de la peau de l’air; tentatives de capture et de mise en forme, avec le papier. Ces installations seront brûlées, pour aller au bout de l’éphémère. Chaque phase de la naissance de l’installation est prise en photo, jusqu’à sa disparition.Cette phase se poursuit par une recherche consacrée à la nature (cf, « Géographies jaunes et noires », Colz’art 89, pour le Cetiom; « Arbres »1990).

Parallèlement, en 1989, réalisation d’une première installation monumentale à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris: « Cartographie ». Les peaux-papiers sont alors livrées aux aléas du temps -pluie, vent, soleil- et se transforment, laissant l’aléatoire poursuivre le travail de l’artiste (cf texte de G.Lascault pour le catalogue de l’exposition, 1989). Ce travail d’installation dans des lieux du patrimoine historique se poursuivra jusqu’en 1995; Tour du château Henry Clews (Textes de V.Jamèk et C.Donner, catalogue, « Artistes à la Napoule », ed du Cygne,1993), « Peaux-papiers » dans Les Greniers de César, à Amboise (1993); « Piliers de lumière », dans le dortoir des moines au musée archéologique de Dijon (1995). Cette recherche s’appuie sur plusieurs thématiques: souligner les « invus de l’espace », pour reprendre l’expression de J.F Lyotard; « habiter » l’espace de la naissance du projet à sa fin; lui constituer une peau, métaphore de la conquête imaginaire d’un lieu;  la redoubler pour en révéler les particularités et l’impact sur la perception.

Parallèlement, des « Livres » (texte de Genviève Gennari, 1993 pour la Maison de Canada, à Paris),  explorent des thèmes variés tels: « Saint-Sébastien », « Lilith », « Neptune » ou encore « Saint-François d’Assise ». D’autres sont une sorte de mini installation: Les « Livres jardins » (1993-1995). Ils prendront ensuite un caractère monumental, privilégiant la naissance de l’image, émergeant directement de la matière, encore et toujours à la recherche des reliefs, au plus profond de la surface du support: « L’ange noir » et « Lilith » (1999-2000).

Cette peau, le plus souvent travaillée à l’horizontale (coulées de papier), va peu à peu prendre la forme d’ « Ecrans » translucides: « Parcours de lumière », du Centre-Ville de Beauvais à la « Fosse à Baillevant » , 1994. Certains  sont dominés par le noir, série des « Ecrans » et, « Saint-Honorat », 2001-2003-; exposition « Intimités », Maison des Métallos, 2006. Ils vont peu à peu se colorer et s’alléger pour devenir des voiles (période 2003-2005). Ces écrans seront présentés à la Fondation de l’hôpital Saint-Joseph à Paris en 2005.

D’autres seront exposés dans le jardin de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris: « Ombres et lumières. Hommage à H.Bauchau », en octobre 2007 et à l’hôtel Tudeuf, à Paris en 2008. Ces écrans s’intègrent de plus en plus dans l’espace qui les reçoit et jouent avec lui.

La collaboration avec Henry Bauchau, qui a soutenu son travail pendant de longues années, amène alors un retour vers le dessin. Une longue série de 50 pastels sur papier (1999-2001) explore le thème de « La pensée », de « L’attente », du « Sommeil » et de la « Prière ». Certains seront publiés dans la revue L’oeil de boeuf, consacrée à H. Bauchau; d’autres le seront en couverture d' »Antigone » et de « L’écriture à l’écoute », du même auteur, aux éditions Actes Sud et Gallimard.

Une autre série de dessins « Les déteintes » donne à voir la forme recto-verso. Support et traces sont dans ce travail confondus. Le noir y est prédominant, comme dans la plupart de ses oeuvres, d’ailleurs. C’est un fonds nécessaire pour en faire sortir la lumière ou encore la lumière est elle-même prise en réseau dans la matière. Dans ce sens, les thèmes qui suivent en découlent: « La nuit », au cinéma d’Art et d’Essai Les Carmes,  Orléans 2009; « 7 dormeurs », dans le cloître de l’hôpital Madeleine, Orléans 2009; « Belles endormies », galerie Keller, Paris 2008; « Femmes en ombres et en lumières », Paris 2010. C’est à partir de cette recherche que se renoue un travail d’installations: « Les aveugles » (2011) et  un « Bestiaire » monumental (2010-2012), destinés tous deux à s’inscrire dans une architecture ou dans la nature, sous forme d’un parcours.

Actuellement,  Martine Colignon se tourne de nouveau vers des recherches photographiques, qui en fait ont toujours jalonné son travail d’artiste. Le travail sur l’ombre et la lumière y sont prédominants : « Mois off de la photo », galerie Keller, Paris 2007. Ce travail semble s’être toujours inscrit entre peinture et sculpture: « Statuaire », « Géographies jaunes et noires », « Ombres et lumières », à la recherche du modelé et de l’apparition de la forme, dans les réseaux mêmes de la matière et retenus dans la surface des choses; c’est à dire sa profondeur.

A ce jour, constitution d’un « Bestiaire » sous forme de photo-montages (2010-2012) et d’un travail de collage monumental (2011-2012).

Martine Colignon, travaille à Paris et Orléans.      

Tel: 06.76.28.30.61                                       courriel: m.colignon@voila.fr